16/01/2009

[Dossier Jodorowski Part 1] FANDO Y LIS (1968)


Alejandro Jodorowski est né au Chili en 1929. Il a commencé sa carrière en tant qu’acteur de théatre, et meneur de la troupe Panique, connue pour ses frasques provocatrices et chaotiques. Après avoir quitté le Chili pour la France, il suit des cours du mime Marceau, et en 1957 il réalise son premier court métrage LA CRAVATE, qui est plus une pièce filmée qu’un film ordinaire.


FANDO Y LIS est originellement une pièce de théâtre de Fernando Arrabal, publiée en 1957, et adaptée par Jodorowski en 1967. Il s’agit la d’une pièce qu’il connaît bien étant donné qu’il la jouait avec sa troupe. Cependant, Jodorowski tient à se démarquer de l’œuvre originale pour imposer sa propre vision. C’est donc avec un script d’une page qu’il entame la réalisation du film, et il travaille plus au fur et à mesure avec ses souvenirs de la pièce que avec l’aide d’un réel scénario. Le résultat s’éloigne des sentiers battus pour laisser place à un ovni cinématographique, une succession de tableaux, où les deux protagonistes vont être confrontés à une violente réalité, bien loin de ce qu’ils pouvaient imaginer.



Lis est une jeune fille paralysée des deux jambes depuis son enfance, où elle a été violemment abusée. Fando, son amoureux, décide donc de prendre soin d’elle et c’est ainsi qu’ils partent sur la route en quête de Tar, une cité mythique où tous leurs vœux seraient exaucés. Sur leur chemin, ils ne rencontrent que corruption, angoisse, étrangeté, terreur, qui ne feront que les replonger dans leurs traumatismes antérieurs, pour finalement sombrer peu à peu dans la folie.

La rationalisation est inutile. Place à un univers post-apocalyptique, surréaliste, où le réel cohabite avec le fantasmé. La narration est semblable à un poème, avec de nombreux symboles et métaphores étranges et dérangeants. Jodorowski se régale devant l’inconfort constant des spectateurs, asphyxiés par un traumatisme visuel et sonore. La bande son est en décalage total avec l’image, comme le prouve la scène d’ouverture, qui montre Lis mangeant des pétales de fleurs avec des sonorités de guerre. La violence intérieure d’un personnage en quête de son innocence perdue ?


Par son côté expérimental et novateur, Alejandro Jodorowski a fait de FANDO Y LIS un film culte du cinéma underground, et notamment aussi par la cruauté réelle infligée aux acteurs principaux. Toutes les tortures et violences endurées par les personnages durant le film n’ont pas été simulées, ce qui rend FANDO ET LIS encore plus sulfureux. D’ailleurs la première projection de ce film dans un festival à Acapulco a provoqué des émeutes, les spectateurs ayant été outragé par tant de cruauté, de violence, de noirceur… Les autres projections ont été du même topo, si bien que le gouvernement Mexicain a même décidé d’interdire le film. Même si le film a quelque peu vieilli, et que le choc ne sera pas le même de nos jours que en 1968, l’essence est la même, les traumatismes et sujets abordés dans le film vous retourneront la tête et vous noueront l’estomac à vie...

Coffret Français 4 DVD excellent de Jodorowski (Fando & Lis / El Topo / La Montagne Sacrée / Documetaire Midnight Movies). A se procurer !

1 commentaire:

killed by video a dit…

ça m'fais plaisir de voire que ton blog reprenne vie,en attendent de te repêcho sur papier.